Aller en dessous de la surface des choses

Énoncé Artistique

Aurélie Pedron considère l’art comme un vecteur de cohésion sociale.  Elle développe des processus artistiques nourrissant l’altruisme et l’inclusion de personnes ayant des parcours de vie en marge des standards normatifs.

L’artiste conçoit des espaces immersifs permettant de prendre du recul pour observer l’état de soi et du monde, afin d’expérimenter d’autres formes d’être-ensemble. Elle favorise l’appréhension de l’existence par le corps plutôt que par le mental. En créant des œuvres-systèmes mettant en jeu l’interdépendance, elle s’intéresse au corps personnel et au corps collectif. Ainsi, elle donne à vivre les notions d’ensembles par des dispositifs sollicitant la présence active du public qui, par ses déplacements ou ses réponses à des propositions multiples, cultive une présence à soi, aux autres et co-construit l’univers sensible qui l’entoure. De cette façon, les œuvres d’Aurélie Pedron sont des écosystèmes dont tous les éléments – artistes, publics, scénographie – interagissent et s’influencent mutuellement. 

S’abandonnant aux révélations et aux trouvailles d’un processus de création fondé sur le cheminement intérieur des artistes et groupes marginalisés, Aurélie Pedron laisse l’œuvre émerger naturellement. Ayant à cœur de contribuer au mieux-être des individus et des collectivités, elle œuvre à l’empuissancement de ceux et celles qui participent à ses créations en leur donnant visibilité et agentivité.

Elle exige d’elle-même un investissement éthique et artistique rigoureux. Ses méthodes de création avec des populations marginalisées sont éprouvées par une pratique de terrain de plus de 10 ans et diverses sources d’apprentissage, parmi lesquelles l’enseignement d’un maître de lignée taoïste en Chine. 

Enfin, Aurélie considère une œuvre comme un possible trait d’union entre des réalités culturelles ou sociales qui ne se rencontrent pas.

Aurélie Pedron

Photo : Jean François Paré

Avec la création de Lilith & Cie en 2013, Aurélie Pedron invente les lieux mêmes de ses œuvres installatives, où les corps des performeur·euses deviennent passeurs de sens et révèlent des images invisibles. ENTRE (présenté par Tangente, 2014), nanoperformance pour un spectateur à la fois, sera une œuvre phare pour la compagnie, qui vaut à la chorégraphe le Prix de la danse de Montréal, catégorie révélation. En 2016, avec le soutien de Danse-Cité, elle crée LA LOBA, un parcours chorégraphique de 12 installations vivantes dans l’ancien Institut des sourdes-muettes de Montréal. ANTICHAMBRE,  une œuvre immersive où le mouvement est au cœur de la sensation du·de la spectateur·rice, est présentée à l’Agora de la Danse en 2019. INVISIBLE qui se déroule sur 72 heures, a été de la programmation du OFFTA en 2022, présentée en coproduction avec Montréal Danse et Danse-Cité.

Parallèlement, dans un souci d’éthique sociale et d’inclusion, Aurélie Pedron collabore avec de jeunes marginalisé·es ou qui se définissent en marge de la société. Elle conçoit avec eux les microperformances RÛE et MARGE (2014-2015), avec l’appui de DARE-DARE, centre de diffusion d’art multidisciplinaire à Montréal. INDEEP (2016), performance de 10 heures pour 10 jeunes à l’aveugle, offre une performance transformatrice fascinante et interroge notre regard face à un corps social, sans repères ni codes connus. DANS LE CŒUR DU HÉRON, qui devait être diffusée au OFFTA en 2020, a été créée en collaboration avec Simiuni Nauya, sculpteur inuit, et a finalement été présentée au Musée d’art de Rouyn-Noranda en 2021.

Lilith & Cie est soutenue par le Conseil des arts de Montréal, le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Conseil des arts du Canada.

Lilith dans l’Histoire

Les diverses étymologies de son nom (en hébreu et en langue sumérienne) renvoient à la nuit et au vent.

« Lilith, la nuit. Figure objectivée de l’inaccomplie, autrement dit l’inconscient dont l’homme renverrait l’existence sous la forme d’un personnage féminin dans la nuit des temps, alors qu’il la porte, en fait, dans la nuit de son intériorité. » Annick de Souzenelle

Sous les auspices de cette archétype, qui nous renvoie aux profondeurs, Lilith & Cie invite à appréhender l’indicible et à aller au-delà de la surface des choses.